• Le prieuré des deux amants - Eure

     

    Le prieuré des deux amants - Eure

    C'est d'une main de fer que le sire Malaunay tenait sa baronnie. Chacun le craignait et nul n'aurait osé s'opposer à sa volonté. Or, son désir le plus cher était que personne ne lui ôtât sa fille, la douce Geneviève.

    Mais l'enfant avait secrètement offert son cœur au chevalier Baudouin, qui l'aimait au moins tout autant en retour.

    Les jeunes amants bénissaient les fréquentes parties de chasse du seigneur, qui favorisaient leurs rencontres.

    Au jour de Noël, Sire Malaunay, bien loin de vouloir participer à quelque événement religieux, était une fois encore parti chasser.

    Mais la foule, elle, avait à cœur de célébrer la naissance du Christ en se réunissant à la chapelle. Seulement, pour y parvenir, il fallait atteindre le sommet d'un sentier tortueux, au prix d'un grand effort.

    La belle Geneviève commença l'expédition, rapidement assistée de Baudouin, qui n'était jamais loin.

    Mais alors que chacun progressait sur la longue et difficile pente, le baron Malaunay apparut devant les deux amants tel un loup enragé!

    Alors qu'il allait corriger le jeune homme en lui perçant la peau, sa fille se jeta devant la lame qui se figea; le père était parvenu à retenir son geste à temps! Mais sa colère ne faiblit pas. S'il voulait Geneviève, Baudouin devait alors la porter, sans reprendre ses forces, jusqu'à la chapelle. S'il échouait, il serait alors au service du père. Tel était le marché lancé par sire Malaunay.

    Baudouin, qui y vit une faible chance tout de même -car enfin, il avait au moins un espoir d'épouser son amante- accepta, avec grand peur.

    C'est au prix d'un effort mortel qu'il porta sa bien-aimée jusqu'au sommet. Il tomba dans un souffle, pour ne plus jamais se relever. Sa belle, noyée de chagrin, ne tarda pas à le rejoindre dans la mort.

    Jamais sire Malaunay ne se pardonna ces deux pertes: il fit construire -et participa à la construction- un magnifique prieuré à l'emplacement-même où les malheureux avaient perdu la vie, qui reposaient à présent sous l'édifice, unis dans un tombeau d'or et de marbre. Le baron devint le prieur, un prieur dévoué à l'Eglise.

    Lorsqu'il mourut, sa dernière volonté fut respectée: on l'enterra sous une pierre sans valeur, au pied du tombeau des deux amants qu'il avait réunis dans un sort qu'il aurait souhaité tout autre.

    Le prieuré prit longtemps le nom de "Prieuré des Deux Amants".


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